Un pèlerinage sous fond de politique

Près d’un million et demi de fidèles ont afflué à La Mecque en Arabie saoudite  ce jeudi pour accomplir le pèlerinage, qui se déroule du 10 au 14 septembre. Mais cette année, le pèlerinage, où près de deux millions de personnes vont se retrouver, a lieu dans une ambiance tendue.

La ville sainte garde le souvenir du mouvement de foule meurtrier de l’an dernier où presque 2200 personnes ont perdu la vie, d’après les chiffres publiés par les gouvernements des pays d’origine des victimes. Ces informations ont été démenties par l’Arabie saoudite qui parle plutôt de 800 décès. Cet accident marque encore les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, pays qui a eu le plus de victime.Et même si des mesures de sécurité ont été mises en place, les Iraniens ne pourront pas participer au pèlerinage faute d’accord trouvé avec l’Arabie saoudite. Une première depuis trois décennies.

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La foule autour de la Kaaba durant le Hadj, ouest-france.fr

Échange de mots violent entre l’Iran et l’Arabie saoudite

L’ayatollah Khamenei, guide suprême iranien chiite, a reçu mercredi les familles des pèlerins iraniens morts il y a un an. Il en a profité pour lancer de violentes attaques contre son ennemi, l’Arabie saoudite sunnite. L’Iran « ne pardonnera jamais pour le sang versé de ces martyrs », a déclaré mercredi le président iranien, Hassan Rohani. Les deux plus hauts responsables iraniens reprochent notamment aux dirigeants saoudiens de n’avoir jamais présenté d’excuses pour les morts de la catastrophe et de refuser d’autoriser une commission d’enquête islamique internationale.

En réponse, l’Arabie saoudite a condamné ces déclarations. Les propos d’Ali Khamenei sont « une claire incitation et une tentative désespérée de politiser le rite » du pèlerinage, a ainsi dénoncé mercredi le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe. Le grand mufti saoudien, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, a affirmé que les Iraniens « ne sont pas des musulmans ». Cette violente passe d’armes intervient alors qu’en mai, l’Iran avait fait savoir que les Iraniens ne pourraient pas se rendre à La Mecque cette année, invoquant la mauvaise volonté du gouvernement saoudien. Les négociations entre l’Iran et l’Arabie ont notamment échoué en raison de l’absence d’indemnisation pour les familles des Iraniens morts dans le mouvement de foule de 2015.

Le ministre saoudien des affaires étrangères avait reproché à l’Iran d’avoir exigé des conditions « inacceptables » à la participation d’Iraniens cette année. Vendredi, plusieurs milliers d’Iraniens sont allés manifester dans les rues de Téhéran pour protester contre leur exclusion du pèlerinage. Les manifestants montraient leur hostilité face aux dirigeants saoudiens.

Sécurité renforcée après une année 2015 sanglante

C’était l’épisode le plus tragique depuis vingt-cinq ans pour le pèlerinage de La Mecque. La rencontre entre deux flux de pèlerins, l’un quittant le site saint, l’autre arrivant en sens inverse, a provoqué une catastrophe au bilan extrêmement lourd.

Le surnombre de fidèles, qui accèdent au site par des tunnels et des voies suspendues, a souvent engendré des accidents. En 2006, 360 pèlerins étaient morts dans une bousculade. Et en 1990, 1 400 personnes sont mortes piétinées. Pour éviter de nouveaux mouvements de foules, l’Arabie saoudite a renforcé ses mesures de sécurité. Les pèlerins seront ainsi équipés d’un bracelet électronique, qui contiendra notamment leurs données médicales, la date d’entrée dans le royaume ou encore le numéro du passeport.

C’est une manière pour Khamenei de mettre une pression supplémentaire compte tenu des tensions entre les deux pays. L’Arabie saoudite n’entretient plus de relations avec l’Iran depuis l’attaque de son ambassade à Téhéran le 2 janvier dernier par des manifestants iraniens, en signe de contestation contre l’exécution de l’imam chiite saoudien Baqr al-Nimr. La rupture paralyse une région en proie à de nombreux conflits, la privant de négociations pourtant indispensables. Cette léthargie agit sur le hadj, certes, mais également et surtout sur la situation en Syrie, au Yémen et en Irak, où les bilans des différents conflits continuent de s’aggraver.

Emanuel Tychonowicz

RAQQA : UN NOUVEAU BERLIN ?

 

Alors que les forces loyalistes avancent vers Raqqa de l’ouest, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) y avancent de l’est, en mettant l’État Islamique entre deux branches de tenaille, mais deux branches contradictoires…

 

 

     Cette semaine l’Armée Syrienne, soutenue par les iraniens, le Hezbollah, l’aviation et les forces spéciales russes, a déclenché une offensive vers le fief de Daech afin de le libérer. « Le camp oriental » a commencé l’attaque depuis l’axe d’Athriya au nord de Hama vers l’aéroport militaire de Tabqa, un aéroport de grande importance dans le but de contrôler la ville de Tabqa (à 50 km de Raqqa). Pour l’instant, ces forces ont réussi à s’enfoncer à plus de 40 km depuis l’axe citée. Tandis que les forces de (FDS), constituées d’une alliance arabo-kurde et soutenues par les États-Unis, ont déclenché leur attaque le 24 mai depuis la ville de Aïn Issa au nord. Ce sont les kurdes qui dominent la composition de ces forces. Selon les estimations américaines, ces forces comptent 25000 combattants kurdes et 5000 arabes. Les États-Unis ont déployé 300 soldats américains dans le but de diriger cette alliance. Actuellement, ces forces ont déclenché une attaque depuis le flanc occidental de l’Euphrate dans le but de contrôler la ville de Manbij, l’axe principal de ravitaillement de Daech depuis la Turquie. Ces mêmes forces ont déclaré le 08 juin qu’elles sont prêtes à entrer Manbij et d’avancer ensuite vers la ville de al-Bab, un autre bastion principal de Daech près des frontières syro-turques. Une fois ces deux villes sont contrôlées par ces forces, Daech sera isolé de son soutien logistique depuis la Turquie et la zone de domination kurde s’étendra tout au long des frontières syro-turques, sauf deux petites villes, Maré’ et Azaz contrôlées par des rebelles islamistes.

Carte de la domination militaire en Syrie. Source: wikimedia, disponible à l’adresse: https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25226676

 

  • La course a commencé !

     Les analyses stratégiques affirment que les U.S. semblent pivoter vers l’Asie-Pacifique, mais il ne semble pas que les américains ont totalement abandonné leur intérêt au Moyen-Orient. Les deux grandes forces mondiales savent très bien que celui qui contrôle Raqqa contrôlera la Syrie et, par conséquent, la région du Moyen-Orient. Si les russes étaient les premiers, une ceinture chiite va être créée de l’Iran au Liban. Cette ceinture protégera la Russie des menaces djihadistes et empêche leur étendu dans le Caucase. Cela fait de l’Iran le grand homme du Moyen-Orient. Au niveau économique, les oléoducs et les gazoducs s’étendront de l’Iran en passant par l’Irak, la Syrie et le Liban vers l’Europe ; ce projet fait que l’Europe deviendra beaucoup moins dépendant du pétrole et du gaz des pays du Golfe, ce qui engendrera une baisse des prix du baril du pétrole au niveau mondial.

     Si les U.S. arrivent les premiers, ils vont installer un gouvernement opposant au régime de Damas, qui peut lancer des attaques diplomatiques et militaires depuis Raqqa. Cela garde l’eau du visage des U.S. devant les triomphes diplomatiques et militaires de la Russie, notamment que la Syrie a rendu à la Russie sa place comme force mondiale, et un joueur incontournable, pas seulement au Moyen-Orient mais aussi au niveau mondial. Au niveau économique, les oléoducs et les gazoducs qui s’étendent de l’Iran au Liban ne verrons jamais le jour, mais plutôt les pays du Golfe vont faire leurs propres gazoducs et oléoducs depuis le Qatar, en passant par l’Arabie (déjà en crise pétrolière difficile), la Jordanie, puis Raqqa (contrôlée par un gouvernement pro-américain( vers la Turquie et ensuite l’Europe. Dans ce cas-là, la ceinture chiite ne verra jamais le jour et la menace djihadiste va fatiguer la Russie, ainsi qu’on aura une Syrie divisée…

  • Et si les deux arrivent en même temps ?

   La question la plus intéressante est la suivante : que se passe-t-il si les deux forces mondiales principales arrivent en même temps au cœur de Raqqa ? Est-ce qu’on témoignera une Raqqa orientale et une Raqqa occidentale ? Cela engendrera quel impact sur l’avenir de la Syrie ?

    De toute façon, les forces kurdes ont déclaré qu’ils ne vont pas introduire Raqqa dans leur canton kurde autonome après sa libération, mais ils vont céder la place aux forces arabes « modérées ». Actuellement, les forces loyalistes soutenues par les russes et les forces de (FDS) soutenues par les U.S. avancent rapidement. C’est une question de temps ; celui qui arrive le premier impose sa domination sur cette région désignée comme « une marée » par l’administration d’Obama. La course a commencé, et tout scénario est possible.

  • Une vision géopolitique rapide sur le Moyen-Orient :

   Quant aux turques, leurs relations avec les russes sont très stressées, et les U.S. semblent les abandonner après l’échec de leur projet néo-ottoman d’être « le Vatican du sunnisme ». L’appui américain aux forces de (FDS) en préférant de faire une bande kurde tout au long des frontières syro-turques donne l’idée que les américains ont des mal entendements avec leur allié turque membre de l’OTAN. La Jordanie et le Liban ne sont pas en situation favorable actuellement ; leur basculement dans le chaos islamiste est fort probable. La sécurité d’Israël est garantie par les russes comme par les américains, notamment après la dernière visite de Benyamin Netanyahou à Moscou le lundi dernier. Cette visite semble assez fructueuse. Les russes ont soulagé les israéliens et ont garantie que la Syrie ne déclenchera pas une guerre contre Israël dans l’avenir. Ici, il s’avère que les russes ont une vision d’une paix régionale au long terme. L’avenir de l’Irak, du Liban et de l’Égypte dépend aussi du vainqueur.

   Tout au long des dernières années, les occidentaux ont préféré de s’allier avec les pétromonarchies sunnites dans la région, malgré que ces dernières sont les parrains du terrorisme mondial et du courant wahhabite (une idéologie très fanatique de l’Islam adoptée par les terroristes dans leur projet d’un État fondé sur la charia). Mais aujourd’hui, ces pétromonarchies sont en crise pétrolière profonde qui ne donne pas assez d’optimisme aux relations avec l’Occident (peut-être cela sera la fin du soutien du terrorisme mondial). La chaleur revient peu à peu aux relations avec l’Iran chiite, ce qui s’explique par l’accord du nucléaire iranien, ce qui renforce l’idée que l’Iran sera le grand homme du Moyen-Orient et que la ceinture chiite aura lieu un jour.

  Donc, de ce qui précède, le contrôle de Raqqa constitue une partie d’une vision géopolitique générale de la région, une vision qui joue sur les différents niveaux économiques, politiques et diplomatique ; ainsi que sur l’hégémonie mondiale et la paix régionale accompagnée de l’éradication de la menace djihadiste. Cela fait de la Syrie aujourd’hui le centre de préoccupation du monde, parce que le vainqueur dans ce pays imposera un nouvel ordre mondial.

 

L’Egypte : une situation qui s’améliore.

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Inauguration du nouveau Canal de Suez en 2015. Défilé aérien composé d’équipements français. (C) franceinter.fr

Le 6 août 2015 était inauguré le nouveau canal de Suez, en Egypte.

Le 6 août 2015 était inauguré le nouveau canal de Suez en Egypte. A cette occasion le président de la République Française, Monsieur François Hollande, était présent. Les relations entre l’Egypte et France se sont particulièrement renforcées depuis que l’élection présidentielle d’Al Sissi ainvesti à la tête du pays le 8 juin 2014. Gardons bien à l’esprit que les relations ont toujours été bonnes sur un plan historique et que l’Egypte reste un partenaire de longue date. Les relations cordiales se maintiennent, visiblement avec la visite officielle de Monsieur Hollande les 17-18-19 avril 2016 derniers.

Ce projet d’agrandissement du Canal de Suez voit le jour dans une logique de relance de l’économie égyptienne pour un pays qui, depuis les printemps arabes, a perdu de sa grandeur. Le Président de la République Arabe d’Egypte souhaite rétablir son pays sur la scène internationale et régionale qu’ils ont autrefois pu connaître. La situation économique connaît un regain d’énergie et se stabilise avec une croissance de 4%. Ces chiffres sont malheureusement bien inférieurs à ce qu’a pu connaître le pays avant la crise, lorsque la croissance pouvait atteindre quelques 7% en 2007 par exemple.

Une coopération historique toujours essentielle entre la France et l’Egypte.

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A gauche, le Général Abdel Fattah Al-Sissi, Président de la République Arabe d’Egypte en compagnie de François Hollande, Président de la République Française, à droite. (C) Le Monde.

Les relations économiques bilatérales entre la France et l’Egypte se sont renforcées avec ce projet d’agrandissement, grâce à la signature de plusieurs contrats. Le pays a également fait appel à des entreprises françaises pour son projet de la ligne 3 du métro du Caire, sa capitale. Parmi ces dernières, l’on peut compter de gros contrats d’infrastructures. Ainsi, les compagnies comme Vinci ou Bouygues pour n’en citer que quelques-unes, ont décroché un contrat d’une valeur de 1,1 milliards d’euros sur le projet de la ligne du métro. Ce contrat est possible grâce aux financements de l’Agence Française de Développement (AFD), de la Banque européenne d’investissements (BEI) et de l’Union Européenne entre autres.

Sur le plan militaire aussi, il existe une forte coopération bilatérale. Le 16 février 2015 un contrat était signé pour la vente de 24 Rafale, une frégate multi-missions Fremmet des missiles. Ce contrat s’élevait à une valeur de 5,2 milliards d’Euros.  En octobre 2015, l’Egypte signait un nouvel accord lui permettant l’acquisition de deux bâtiments de projection de type Mistral. Nous pouvons noter que lors de l’inauguration du nouveau canal de Suez, la frégate multi-missions et trois Rafale ont participé au défilé aérien.

L’Egypte est un partenaire essentiel et stratégique pour la France. Rappelons que c’était Ferdinand de Lesseps qui avait été le commanditaire de la construction du Canal de Suez en 1869. Aujourd’hui encore, la France reste dans le top 10 des pays qui investissent le plus en Egypte (7ème rang), et se place en 8ème position pour les échanges commerciaux.

Il y a fort à parier que les relations entre France et Egypte se maintiendront.

Camille BONNET

1 / 2 Hezbollah : la mort de Badreddine, fort symbole politique au Liban

Moustapha Badreddine, l’un des principaux chefs militaires du Hezbollah, a été tué en Syrie dans la nuit du 12 au 13 mai 2016, près de Damas. Personne n’a revendiqué cette attaque. Pourtant, Si les circonstances de sa mort n’ont toujours pas été élucidées, ce deuil au sein du parti chiite libanais revêt un fort symbole politique, qui renforce les tensions dans le pays.

Brothers of top Hezbollah commander Mustafa Badreddine, who was killed in an attack in Syria, mourn over his coffin during his funeral in Beirut's southern suburbs

Brothers of top Hezbollah commander Mustafa Badreddine, who was killed in an attack in Syria, mourn over his coffin during his funeral in Beirut’s southern suburbs, Lebanon, May 13, 2016. REUTERS – D.R

L’hommage rendu au martyr

L’annonce du décès est tombée dans un communiqué du parti, vendredi 13 mai. L’homme aurait été tué dans une explosion d’un entrepôt, à proximité de l’aéroport de Damas, situé au Sud de la capitale syrienne. Une semaine après, les militants du Hezbollah ont rendu un dernier hommage à Moustapha Badr Eddine, commandant militaire suprême de ce parti libanais de confession chiite. Des tirs nourris résonnent dans la capitale, autour du cercueil recouvert d’un drapeau jaune, en l’honneur de cette figure emblématique, qui contribua à fonder le parti dans les années 80. Pourtant, en dépit du recueillement de ses membres,  la réaction du chef du parti ne s’est pas fait attendre. Le 20 mai, jour des funérailles, l’hommage rendu à ce « commandant martyr » se faisait le porte-étendard de la présence du Hezbollah dans le conflit syrien.

Renforcement du Hezbollah en Syrie

Agé de 55 ans, Moustapha Badredinne avait proclamé qu’il ne sortirait de Syrie que  « victorieux ou en martyr ».  Dans la continuité de ses paroles, le leader du parti chiite libanais, Hassan Nasrallah, a déclaré dans un discours  prononcé au cours de la cérémonie: « Le sang de Badreddine va nous pousser à renforcer et accroître notre présence en Syrie ». L’offensive au côté du gouvernement syrien est arrivée sans tarder : des attaques ont été menées dans la capitale de la Ghouta Orientale, fief rebelle du front Al-Nostra,  situé à l’Est de Damas. D’une certaine façon, les « dernières volontés » de Badreddine,  en charge de coordonner les unités militaires en Syrie et stratège de cette bataille, ont été respectées.

Au sein du Hezbollah, la perte d’une figure importante

1500 de ses combattants ont déjà péri en Syrie depuis leurs premières interventions au printemps 2013, dont 5 de ses principaux chefs militaires. Son Beau-frère d’Imad Mughniyeh, un ancien commandant du Hezbollah avait été assassiné en Syrie en 2008. A Ces morts s’ajoutent le nombre des blessés, qui serait 5000. Moustapha Badr Eddine est le chef le plus important disparu jusqu’à ce jour. Pour Hassan Nashrallah, il représente « l’un des premiers hommes de la résistance islamique à faire face à l’ennemi israélien ». D’abord membre du Fatah, le mouvement de libération de la Palestine, l’invasion israélienne de l’été 1982 au Liban le conduisit à prendre les armes à côté du Hezbollah. Fait prisonnier à la suite d’attentats perpétrés contre les ambassades américaines et françaises  au Koweït en décembre 1983, il était parvenu à se libérer lors de de l’invasion irakienne dans ce pays, en 1990, par les troupes de Saddam Hussein.

Baddredine, une personnalité contestée au Liban

S’il est célébré par le Parti de Dieu, cette position n’est pas celle adoptée par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSP), chargé de poursuivre les auteurs d’attentats terroristes. Suspecté d’être le « cerveau » de l’attentat de 2005 qui coûta la vie à Rafic Hariri, l’institution avait émis un mandat d’arrêt international à son encontre. Il était en effet accusé d’être l’un des cinq principaux parti-prenant dans la planification de l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais sunnite. Des affirmations que le Hezbollah s’est toujours efforcé de démentir : « le dossier du tribunal international n’existe pas pour nous et ne mérite aucun commentaire de notre part ». Cet attentat avait déclenché la Révolution des Cèdres; appuyée par une majorité de chrétiens et des sunnites, qui conduisit au départ des troupes syriennes du pays, en 2006.

2/2 Hezbollah : la mort de Badreddine, fort symbole politique au Liban

Domitille Courtemanche

Vers un recul de l’Etat Islamique ?

Carte de Ramadi, source: AFP.

Carte de Ramadi, source: AFP.

L’entrée dans Ramadi, le 22 décembre 2015, par les forces armées irakienne marque un recul pour le groupe Etat Islamique sur la province d’al-anbar qui est une de leurs bases stratégiques depuis mai 2015.

 Une grande victoire pour l’armée Irakienne.

L’armée Irakienne a annoncé le lundi 28 décembre, la reconquête de la ville de Ramadi (capitale de la province d’al-anbar) situé à une centaine de kilomètres à l’ouest de Bagdad. La ville de Ramadi était tombée entre les mains de l’Etat Islamique en mai 2015, et suite à cette conquête l’Etat Islamique a pu avoir le contrôle du chef-lieu de la plus grande province d’Irak.

Le dimanche 27 décembre 2015, les forces Irakiennes avaient réussi une grande avancée dans leur objectif de reconquête de la ville en arrivant à chasser toute résistance des soldats de l’Etat Islamique dans le siège du gouvernement de la province d’al-anbar. Le porte-parole des unités antiterroristes, Sabah al-Numan, a déclaré ce même jour « Le complexe est sous notre contrôle complet, il n’y a plus de présence des combattants de l’EI dans le complexe ». Il a cependant précisé que la zone doit être nettoyée des mines et des pièges explosifs de l’Etat Islamique et que ces hommes vont « nettoyer les poches qui pourraient encore exister ici et là ». Le contrôle de ce bâtiment était crucial pour récupérer la ville car environ 400 djihadistes s’y étaient retranchés.

Le porte-parole de la coalition internationale Steve Warren s’est félicité de cette grande victoire sur l’Etat Islamique et a tenu à saluer le « dur travail de l’armée irakienne ».

Les troupes irakiennes ralenties dans Ramadi.

Cependant cette reprise de la ville, même si elle est une réussite, a coûté de nombreux efforts aux troupes irakiennes. Les forces armées irakiennes espéraient une reconquête plus rapide. En effet, celle-ci aura duré un peu moins d’une semaine, et cela à cause de la résistance organisée depuis le mois de mai 2015 par les soldats de l’Etat Islamique.

Depuis leur entrée dans la ville le 22 décembre 2015, les forces armées irakiennes n’ont cessé d’être ralenti. Les djihadistes ne cessent les attaques que ce soit par des engins explosifs ou par des attaques suicides. L’avancée des troupes irakiennes se voit aussi ralentie par les mines posées dans toute la ville. Le colonel et porte-parole de la coalition internationale, Steve Warren a déclaré « L’EI a eu des mois pour préparer ses défenses et le combat urbain est ce qu’il y a de plus difficile ».

Dernier recours pour les djihadistes, utilisé des boucliers humains. Ils empêchent les familles de partir pour s’en servir de protection à l’arrivée des troupes irakiennes.
Cette opération a coûté la vie à une cinquantaine de djihadiste, le bilan du côté des forces armées irakiennes n’est pas communiqué.

Est-ce un grand coup porté à l’EI ?

Après la libération de Tikrit (au nord de Bagdad) en avril dernier, la prise de Ramadi est une nouvelle victoire pour les forces armées irakiennes et son Premier ministre Haïder Al-Abadi. C’est aussi la première victoire sans l’aide des milices chiites soutenues par l’Iran. Cependant même si cette opération est un succès, l’Etat Islamique reste encore fortement implanté sur le territoire irakien.

D’après Patrick Martin de l’ISW (Institut for the Study of War), la perte de Ramadi n’est pas un coup décisif pour l’Etat islamique qui a contrôlé jusqu’à un tiers de l’Irak, « La ville lui servait surtout à maintenir les forces irakiennes occupées loin d’autres zones plus stratégiques, comme Mossoul et le nord de l’Irak ».

 

Arthur Belin.

L’accord de l’ONU à propos du cas Syrien

Enfin, un semblant d’accord voit le jour malgré encore quelques dissensions. En quatre ans et demi de guerre, jamais le Conseil de sécurité de l’ONU n’avait réussi à se mettre d’accord sur une sortie de crise politique en Syrie. Mais sur le fond, la résolution pour un processus de paix en Syrie a été votée à l’unanimité par les 15 membres du Conseil ce vendredi 18 décembre. Néanmoins, la question de la gouvernance de la Syrie d’après-guerre reste entière.

 

Élections dans les dix-huit mois

Le texte qui a été adopté en fin de journée prévoit la mise en place d’une transition politique avec un calendrier précis. Après six mois, le processus doit établir « une gouvernance crédible » veillant à la préservation des institutions et qui se devra d’écrire une nouvelle Constitution. Des élections « libres et justes » doivent être organisées sous la supervision de l’ONU dans les dix-huit mois. Sur proposition française, la résolution exige l’application immédiate de mesures de confiance humanitaires, telles que la fin des bombardements indiscriminés, la protection des civils ainsi que des installations et personnels médicaux.

Ce cessez-le-feu ne met pas fin à la guerre. Il « ne s’appliquera pas aux actions offensives et défensives » contre l’organisation État islamique (EI) et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, menées notamment par la coalition internationale de lutte contre l’EI. John Kerry a d’ailleurs à nouveau invité la Russie à concentrer ses frappes sur ces groupes terroristes, et non sur l’opposition anti-Assad soutenue par Washington et ses alliés.

Les points de divergence restent nombreux et l’incertitude demeure sur la possibilité de transformer le consensus obtenu sur le papier en réel changement sur le terrain. John Kerry s’est dit « sans illusions sur les obstacles qui existent… surtout sur l’avenir du président Assad ». Aucune mention n’est faite dans le texte du sort de Bachar Al-Assad, sur lequel la Russie et l’Iran ont bloqué toute discussion explicite.

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Vue d’ensemble de la réunion du Groupe international d’appui pour la Syrie (ISSG) à New York. Photo ONU/Cia Pak

« Identifier les terroristes »

Même dans l’éventualité où M. Assad n’était pas écarté du pouvoir lors de la transition, la participation prévue des Syriens réfugiés à l’étranger à une élection supervisée par l’ONU pourrait signer sa défaite.

L’accord laisse également entière la question de la composition de la délégation de l’opposition qui ira négocier face au régime. La conférence qui a réuni un large spectre de l’opposition politique et militaire syrienne à Riyad, du 9 au 11 décembre doit« être un pilier des négociations et asseoir le socle du dialogue intersyrien » d’après la France. Mais Damas, Moscou et Téhéran ont vivement critiqué cette initiative saoudienne et dénoncent la présence en son sein de groupes « terroristes ». Cette liste, qui inclut uniquement à ce stade l’EI et le Front Al-Nosra, est encore loin d’être finalisée. La Jordanie a présenté un document qui contiendrait, de source diplomatique, « une centaine de noms ».

Les vives discussions attendues sur la composition de ces deux listes compromettent déjà la tenue du calendrier de transition. Les invitations pourraient être lancées début janvier, a estimé M. de Mistura, pour une première rencontre courant ou fin janvier. L’interrogation subsiste sur la volonté dans les deux camps de se retrouver à la même table, bien que John Kerry ait dit avoir obtenu mardi à Moscou l’assurance du président Vladimir Poutine que Bachar Al-Assad était « prêt à collaborer à une transition politique et à adhérer au principe d’une élection ».

Emanuel Tychonowicz

America is back ?

«America is back», l’Amérique est de retour. C’est le slogan simple et brutal  sur lequel Ronald Reagan avait bâti sa campagne et sa facile victoire, en 1980, contre Jimmy Carter, sympathique et doux rêveur à qui ses concitoyens ne pardonnaient pas d’avoir fait perdre à leur pays, sinon son statut, au moins son image de rempart du «monde libre» face à l’«empire du mal». Cette situation peut à nouveaux être transposée dans l’opinion publique américaine suite aux tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à l’attaque qualifiée d’attentat par le FBI le 2 décembre 2014 à San Bernardino aux États Unis.

 

 

La fin de la « fatigue » américaine

Depuis ces deux attaques contre les meneurs de la coalition internationale contre Daech, l’opinion publique aux États Unis est devenue plus vindicative et moins prompt à critiquer l’intervention en Irak et en Syrie. L’opinion américaine est-elle en train d’évoluer sur la manière de lutter contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie ? La stratégie de la Maison Blanche, «pas de troupes combattantes au sol», était jusque-là en total harmonie avec l’opinion publique, très hostile à un engagement sur le terrain, après 15 ans de conflit en Afghanistan et en Irak.

Les 1 600 hommes des forces spéciales qui sont aujourd’hui en Irak ont une mission de formation des troupes et de protection des installations américaines. Or, la position des faucons gagne du terrain dans l’opinion. Certains républicains, en effet, estiment que la guerre contre les terroristes ne se gagnera pas en se limitant à des raids aériens.

Plus de la moitié des Américains sont d’accord avec cette position d’après un sondage de la Maison Blanche, ce qui la met en porte à faux. Barack Obama estime que si des troupes doivent mener le combat au sol, celles-ci devront appartenir aux pays de la région. Mais cela ne semble plus convaincre les Américains de plus en plus préoccupés par la sécurité de leur pays et de leurs ressortissants.

Les États-Unis entament leur virage

En effet, suite aux attaques de Paris et de San Bernardino, l’armée américaine change radicalement de stratégie sur le terrain et se met à cibler le portefeuille de l’État islamique : ses réserves de pétrole et les flottes de camions le transportant, de plus, Barack Obama a décidé d’engager officiellement pour la première fois des troupes au sol en Syrie : ce ne sont que quelques soldats des forces spéciales américaines, environ une cinquantaine, qui sont déployés au Nord de la Syrie afin d’aider les combattants anti-Daech épars restants en Syrie. Cette opération est minime mais symbolise bien l’infléchissement de la politique de la Maison Blanche suite aux réactions de l’opinion publique qui se préoccupe plus du terrorisme que de l’économie intérieure. Enfin, le 4 décembre, Le chef du Pentagone a annoncé que Washington était prêt à intensifier le déploiement de forces spéciales en Syrie et en Irak.

 brets verts

 Des Bérets verts américains à l’entraînement, le 22 avril 2015 – SIPANY/SIPA

 

Les possibilités du Pentagone

Ces troupes pourraient être renforcées «là où nous trouverons de nouvelles opportunités de [les] développer», a affirmé le secrétaire à la Défense Ashton Carter devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants.

En Irak, les États-Unis sont en train de déployer une unité des forces spéciales pour «aider les forces irakiennes et kurdes peshmergas» à mener des raids sur le terrain contre Daesh. «Ces forces spéciales seront à terme capables de conduire des raids, libérer des otages, obtenir du renseignement et capturer des responsables du groupe État islamique», a détaillé Ashton Carter. Cette unité « sera également en position de conduire des opérations unilatérales » en Syrie. Bien sûr, de tels exemples peuvent vouloir dire bien plus qu’il n’y parait au premier abord.

Emanuel Tychonowicz

 

La mondialisation du conflit avec Daech

l’occupation des territoires de la Syrie et d’Irak, les derniers attentats de Paris en novembre 2015, les menaces contre les différents pays du monde et la transformation du terrorisme en une guerre opérationnelle nécessitent un mouvement urgent contre une menace qui est devenue mondiale.

 

Carte imaginée par Daech pour ses territoires de futur, http://jcpa-lecape.org/wp-content/uploads/2014/09/isismap2.jpg 

Selon Pierre-Jean Luizard, Daech utilise une arme stratégique, c’est « l’internationalisation du conflit ».

L’EI a choisi de contrôler les territoires voisins de la Syrie, l’Arabie Saoudite et la Jordanie et impliquer l’Occident à travers la politique de pire et par atteindre aux droits des minorités et des droits de l’homme, et ça pour ne pas se contenter du territoire confessionnel sunnite contrôlé en Irak. Ces actes doivent être accompagnés par des attentats dans les pays en paix, à coté des propagandes de l’histoire des occupations occidentales pour présenter les musulmans comme les victimes historiques de l’Occident. Ce projet permet de dépasser les territoires régionaux et présenter l’EI comme un combattant des droits des musulmans contre l’Occident athée et occupant. Ce but a été atteint par la coalition militaire dirigée par les Etats-Unis contre l’EI.

Aussi, les derniers attentats de Paris en novembre 2015 montrent bien le désir des djihadistes de restituer le califat et imposer la charia islamique. La France a été visée, ce n’est pas seulement à cause de ses engagements militaire, mais aussi parce qu’elle incarne la notion de laïcité qui est hostile aux terroristes et fait allusion, selon eux, aux « jours sombres des musulmans », comme Atatürk quand il a aboli le califat, Nasser et les guerres contre les frères musulmans, Hafez Al-Assad et la répression des frères musulmans aussi, Saddam Hussein et d’autres. Dans leur carte, on voit clairement leur agenda et leur désir d’imposer la charia sur l’Europe et les différents territoires que les musulmans occupaient avant, d’où vient les menaces des différents pays du Moyen-Orient et d’Europe. C’est une pensée très grave qui montre leur projet de l’avènement d’un califat mondial.

Invitation des « croisées » au combat :

Daech diffuse de temps en temps des filmes et des vidéos traduits sur ses deux cellules de communication, Al-Fourqan, canal officiel, et Al Hayat lié au cyber djihad, pour recruter les gens (les moudjahidines, ceux qui font le Djihad) et inviter les gens occidentaux à rejoindre leurs frères au djihad. Par ces filmes sur la méthode hollywoodienne Daech cherche à impliquer l’occident dans les combats. Comme a dit le Jihadi John avec la tête coupé de Peter Kassig :  « nous voilà en train d’enterrer le premier croisé américain à Dabiq. Et nous attendons avec impatience l’arrivée de vos autres soldats pour qu’ils soient égorgés et enterrés ici même ».

Pierre-Jean Luizard commente sur la vidéo : « Dans ce film, le masque tombe et le double discours est révélé : ce que cherche l’État Islamique, ce n’est pas à obtenir la fin des interventions militaires occidentales, mais au contraire à les provoquer. Cette fois-ci Jihadi John, comme il a été surnommé, invite presque l’armée américaine et prévient qu’elle trouvera à Dabiq sa fin ». Dabiq est une ville située au nord de la Syrie. Selon l’Islam c’est là où va dérouler la dernière guerre apocalyptique entre les forces du bien (les musulmans) et les forces de mal (les mécréants) le Jour de Jugement.

De plus en plus, on parle des membres clandestins de Daech dans les différents pays arabes et européens, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour agir et faire face contre cette menace internationale. le grand nombre des combattants étrangers de différentes nationalités facilitent leur transport et leur infiltration dans les différents pays visés ; par exemple, le nombre des combattants français avec Daech est estimé entre 1200 et 1300, selon général Castres.

Les jours qui viennent semblent un peu sombres pour l’instant, avec un « État » qui devient de plus en plus fort sans une intervention envisagée au sol par les pays occidentaux qui ont choisi les frappes d’aviation qui, apparemment et par des déclarations des leaders occidentaux, n’arrivent pas à éradiquer ce danger représenté par des diables en forme humaine. Les simples frappes d’aviation de semblent pas être suffisantes, mêmes si les russes ont bien compris que même avec ces frappes intensives, ce n’est pas suffisant, par déclaration de Poutine lui-même. Alors, il est clair que sans une intervention au sol d’une armée au moins équivalente, il est difficile de combattre ces terroristes bien organisés et bien formés, qui ont menacé plusieurs pays dans le monde. Les leçons de l’histoire nous approuvent que la barbarie va être battu par la démocratie et la lutte des peuples pendant des siècles pour avoir sa liberté.

 

L’armée irakienne avance face à l’Etat Islamique

Source: REUTERS/Stringer Tous Droits Réservés

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En une semaine, les forces de sécurité irakiennes ont fait reculer les djihadistes de l’Etat Islamique dans trois secteurs sunnites. Une percée possible grâce à l’appui américain aux milices chiites.

(L’article original ici: http://www.lefigaro.fr/international/2014/11/17/01003-20141117ARTFIG00314-en-irak-l-armee-avance-face-a-daech.php )

Samedi dernier, le 15 novembre, l’armée irakienne a réussi à briser le siège que les jihadistes de l’Etat Islamique avaient installé autour de la raffinerie de pétrole de Baiji, située à 200km au nord de Bagdad. Cette raffinerie, véritable point stratégique, était convoitée depuis le début de l’offensive terroriste, en Juin dernier,  dans le but de conquérir la partie sunnite d’Irak.

La raffinerie, produisant 300.000 barils par jour, a été récupérée intacte. C’est une véritable victoire pour les forces armées irakiennes, particulièrement après la débâcle des quatre divisions qui ont fui face aux jihadistes qui ont pris le nord et l’ouest du pays.

Ce succès est le troisième de la semaine, après la reprise du barrage d’Adhaim, mercredi 14, et la reprise de la ville de Baiji, vendredi 16. Ces succès ont été salués par le chef d’Etat-major interarmes américain, le Général Martin Dempsey, et le Ministre des Affaires Etrangères français, Laurent Fabius. Des éloges qui contrebalancent les propos amères de François Hollande, à propos de l’inefficacité de l’armée irakienne face à l’Etat Islamique. Sans avoir toutefois tort, il est vrai que l’armée irakienne accuse des failles dans sa structure, ce qui peut laisser sceptique quant à sa capacité à chasser du territoire irakien efficacement, in fine, des terroristes fortement armés et déterminés.

Mais ces quelques victoires ne sont pas dues aux efforts de seule l’armée irakienne. Elle est accompagné de milices chiites et de tribus sunnites, et épaulée par l’appui aérien occidental, et notamment américain. Des chasseurs, mais aussi des hélicoptères de combat, des Apaches, sont déployés. D’après un ancien militaire français reconverti dans la sécurité privée en Irak, la présence d’Apaches indique su’il y a très certainement des troupes au sol pour guider leurs frappes. L’engagement américain se fait de plus en plus visible, et bien que Washington, ainsi que Londres et Paris, refusent de déployer des troupes conventionnelles sur le terrain, la force occidentale se fait plus présente. A noter une cinquantaine de soldats américains déployés hors de Bagdad dans la base d’Ein Assad, dans le nord du pays, 3000 conseillers détachés dans l’armée irakienne, et des forces spéciales chargées de traquer les chefs de l’EIIL, Baghdadi en tête. On peut aussi mentionner des forces spéciales françaises déployées pour former les Peshmergas, et des membres de SAS britanniques chargés de détruire des convois, entre autres.

Les frappes américaines affaiblissent sérieusement les lignes de ravitaillement et les convois des islamistes, qui ont de plus en plus de difficultés à se déplacer.

Cependant, cet amalgame de forces locales pose problème aux américains. Les combattants de la Force Badr et du Hezbollah irakien sont fréquemment accusés d’exactions contre les civils sunnites, et doivent battre en retraite pour que les sunnites libérés rejoignent l’armée. Mais après la décapitation du gouvernement de Saddam Hussein, il y a 10 ans, et la chasse aux officiers, l’armée manque aujourd’hui d’éléments et de cadres compétents pour diriger l’armée. Les forces de sécurité ne peuvent donc pas se passer de ces supplétifs chiites, venus de milices dirigées par la Force Al-Qods iranienne, et indispensables à la défense de la capitale.

Le Premier Ministre irakien, Haïdar Al-Abadi, dans le but de rallier les sunnites, méfiants vis-à-vis de l’armée, de ses cadres et de la corruption, et sans qui il ne sera pas possible de vaincre l’Etat Islamique, à décidé de limoger 26 officiers supérieurs et généraux, ainsi que d’en mettre 10 à la retraite. Il a aussi accordé une marge de manœuvre importante aux conseillers américains. Verdict: environ la moitié des 250.000 soldats irakiens seulement sont fiables face à l’EIIL, et l’armée n’est pas encore capable de reprendre Mossoul, a deuxième ville du pays. . Les 20.000 combattants des tribus sunnites doivent recevoir une instruction militaire avant de pouvoir être déployés et aider les américains. Il reste encore fort à faire avant d’éliminer l’Etat Islamique et sécuriser le pays.

Flavien Gouabault

Algérie et Maroc : une course à l’armement ?

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Depuis la publication, le mois dernier, du dernier rapport de l’Institut International de recherche sur la paix de Stockholm (SICRI) paru mi-mai ; de nombreux articles ne cessent de pointer du doigt la « course aux armements », de ces dernières années, de l’Algérie et du Maroc. Il est malheureusement dommage que très peu d’entre eux se posent les questions nécessaires face à cette montée en puissance. En effet, augmenter ses capacités militaires n’est pas neutre. La première question à se poser est de savoir par quel moyen en sont-ils arrivés là ?  Puis pourquoi un tel arsenal ou, plus exactement pour quelles objectifs et contre qui ? Et surtout,  à qui « profite le crime » ?

La question des moyens est largement développée dans le rapport de l’Institut International de recherche sur la paix de Stockholm (SICRI). En effet, on y apprend que la multiplication des « efforts de guerre » de l’Algérie et du Maroc résulte d’un programme mis en place depuis quelques années. Sur l’ensemble du continent africain, l’achat des armes par ces deux pays représente 64% des armes achetées… ce qui signifie pour l’Algérie une augmentation de 1038% en dix ans de son budget de Défense (dépassant ainsi l’Angola +2059%, pour 2,8 milliards d’euros de dépenses annuelles en 2011). Toujours selon le rapport, le Maroc est passé de la 69ème place à 12ème dans le classement des pays qui dépensent le plus pour leur armement. Alors que le Maroc vise plutôt la qualité de son armée, l’Algérie mise sur la quantité qui lui permettra, à moyen terme de dépasser le Maroc. Si l’on observe le seul investissement dans les soldats, cela nous donne une armée de 317 000 hommes pour Oran et 245 800 pour le royaume (en 2014 la France était à 228 656 militaires d’actives). « Sur le plan aérien le premier possède 6 appareils de combats modernes et de 71 plus anciens, contre 24 et 46 respectivement pour Rabat. La supériorité s’avère encore plus écrasante en termes de véhicules blindés de combats d’infanterie, avec 1.085 engins en Algérie et seulement 195 au Maroc ». Le budget 2011 du ministère de la Défense algérien a été rallongé de 7 milliards de dollars. Ce qui a permis de passer des contrats extrêmement juteux de plus de 16 milliards de dollars. C’est donc bien un véritable programme d’armement qu’appliquent ces deux pays.

La question de savoir quelles sont les objectifs des deux pays peut paraitre plus délicate. Une guerre future entre les deux ? Entre voisins ? Il me semble que ce serait assez peu probable…..et, comme le déclare, le site Jeune Afrique « même si l’Algérie venait un jour à égaler ou presque son voisin par les compétences tout en le dominant numériquement, un conflit serait une catastrophe économique pour les deux protagonistes. Et un suicide politico-diplomatique pour celui qui le déclencherait ». On se souvient des autres pays ayant développé grandement leur arsenal. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Lybie, la possession d’une armée nombreuse et équipée n’a pas donné les résultats escomptés. Les troupes irakiennes n’ont pas tenues longtemps face aux américains ; celles de Kadhafi n’ont pas résisté. Restent les troupes de Bachar Al Hassad incapables de vaincre ceux qu’ils appellent les « rebelles ». Trois armées, les plus puissantes de Nord-Afrique et du Moyen-Orient, aucune n’a su assurer la sauvegarde du pays. On pourrait aussi ajouter l’exemple de l’Egypte…. Alors pourquoi une telle armée ? La réponse la plus crédible serait de rappeler rappelant la montée de groupes terroristes armés dans la Sahel, et les crises liées aux Printemps Arabes.  Cette montée de l’insécurité, des nomadismes de groupes armés et des radicaux semble être la justification d’un tel investissement militaire. Une guerre contre des voisins est improbable, le danger semble plutôt intra-muros. En dehors des revendications Kabyles, on se souvient de ce qu’avait déclaré le 27 juillet dernier le ministre de l’Intérieur algérien, monsieur Daho Ould Kablia, et qui illustre bien l’ampleur du problème : « L’Algérie mène une guerre. C’est une guerre contre une nouvelle forme de terrorisme. Il s’agit du trafic de drogue ». Que ce soit l’Algérie ou le Maroc, la lutte contre le terrorisme, les trafics illicites ou les risques de troubles paraît être la première motivation à de tels investissements militaires.

Mais dans toutes courses à l’armement, quoiqu’il advienne au pays, il y a des gagnants. Les pays occidentaux sont à la première place avec la Russie à leurs côtés. La France à elle seule a vendu pour 36 millions d’euros d’armes légères en 2007 à l’Algérie et l’équivalent au Maroc. On n’oublie pas non plus la tentative de vente de Rafales à la Lybie….et la restauration des Mirages F-1 du royaume marocain, pour 350 millions d’euros. Mais elle se fait largement distancée par des pays tel que la Russie, qui va même jusqu’à effacer la dette du pays en échange de contrats économiques liés principalement au secteur militaire et correspondants à près de 13 milliards de dollars. L’Allemagne a, elle, remportée un contrat de 10 milliards d’euros. La transaction comprend : avions, chars, équipements, navires etc. Et enfin, il ne faut pas oublier que les Etats-Unis restent près de la première place en exportation d’armement. La liste des pays profitant de cette vive demande d’équipements, de matériels et d’armes serait longue s’il fallait tous les évoquer, il est intéressant de noter la présence de la Chine et des Pays-Bas dans certains contrats. Une telle demande est une aubaine pour les pays exportateurs d’armements car c’est un moyen d’échanges économiques importants, une porte ouverte à des éléments de son propre pays sur le sol des Etats acquéreurs (entretiens, formations, etc.).

En fin de compte il est relativement habituel que lorsqu’un pays s’équipe militairement, son voisin en fasse de même. Il y a une sorte d’ébullition, de concurrence pacifique pour présenter sa puissance. Il est bien sûr peu probable qu’une guerre Algéro-Marocaine ait lieux. Le développement des Printemps Arabes, des trafics illégaux, du terrorisme et du radicalisme, tout simplement de l’insécurité dans la zone sahélienne est l’explication la plus plausible d’un tel arsenal. Puissances militaires, certes, mais Etats situés dans des zones de crises qui ne cessent d’augmenter. Le danger semble être à l’intérieur. Espérons que cette course permettent d’augmenter la coopération militaire entre les deux Etats, et peut être, un jour servir d’Etats policiers du Sahel, garant de l’ordre et de la sécurité.

Thibault Dewynter

Sources :