En 1964, le pape Paul VI instaure le Secrétariat pour les Non-Chrétiens. Il est chargé notamment des relations avec l’Hindouisme, le Bouddhisme et l’Islam. Ce secrétariat trouve sa légitimité dans le Concile Vatican II et sa volonté d’ouvrir l’Eglise. Jean-Paul II demandera à ce dicastère spécial de participer à la préparation de la rencontre interreligieuse d’Assisse (le 27 octobre 1986). Le succès de cette journée amena le Saint-Siège a considérer avec plus d’attention le dialogue entre les religions et, le 28 juin 1988, le Secrétariat pour les Non-Chrétiens devient le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux (CPDI). Cette nomination élargie la mission de l’ex-secrétariat et en fait aussi le reflet de l’ouverture de l’Eglise au monde. Comment fonctionne donc le CPDI ?
Structure et objectifs.
Le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux est composé de trois organes.
L’organe de direction est lui-même composé d’une trentaine de personnes (tous cardinaux ou évêques) qui sont membres du CPDI. Il leur appartient de réunir une Assemblée plénière à intervalle régulier (2 à 3 ans) afin de fixer les orientations pour le conseil pontifical et discuter de sujets présentés comme importants.
L’organe exécutif regroupe le personnel travaillant en permanence au CPDI. Ce qui comprend le président (actuellement, le cardinal français Jean-Louis Tauran), le secrétaire, le sous-secrétaire, des assistants administratifs et techniques. On y retrouve aussi divers responsables notamment pour l’Islam, les religions orientales et traditionnelles. L’organe exécutif a pour mission d’appliquer et de mettre en œuvre les directives prises par l’organe directif.
L’organe consultatif est à disposition du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. Il est constitué de trente « Consulteurs », spécialistes de l’étude des religions, qui se réunissent régulièrement, souvent selon la zone continentale de résidence. Par leurs travaux, ils conseillent, informent ou font des propositions au CPDI.
Ainsi structurée, le conseil pontifical a pour objectif de :
- Promouvoir le dialogue, la collaboration et un respect réciproque entre catholiques et croyants non-chrétiens[1].
- Favoriser et encourager l’étude des religions.
- Favoriser la formation des personnes souhaitant se consacrer au dialogue (interreligieux ou non).
Méthodologie du Dialogue.
Pour le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, la méthodologie du dialogue se divise en quatre points.
Le premier point est une définition du dialogue. Ce mot implique parole et écoute, don et réception, pour un enrichissement mutuel en partageant sa Foi tout en restant ouvert à celle de l’autre. Ici, le CPDI se défend d’un quelconque prosélytisme. Son but n’est pas de convertir mais d’apprendre à connaitre la religion d’autrui tout en lui présentant la sienne. On est dans un échange entre adeptes et non entre religion. Ce qui suppose de connaitre les points communs et les différences.
Le second point du Dialogue Interreligieux, pour le CPDI, est relationnel. On parle ici d’une relation interne entre le Conseil Pontifical et les différentes commissions instituées par les Eglises locales. Ce sont ses dernières qui sont les principaux relais du CPDI. Elles sont chargées de mettre en place le dialogue au niveau local.
Le troisième point méthodologique du CPDI est la dimension œcuménique du dialogue. En effet, le dicastère est en relation permanente avec le Conseil Mondial des Eglises afin de mettre en place des initiatives. On voit ici la volonté de lier l’ensemble des communautés chrétiennes à la démarche du dialogue interreligieux. Le CPDI et le Saint-Siège considèrent que les catholiques ne sont pas les seuls concernés par cette question.
Quatrième et dernier point, le CPDI se défend de tout acte ou action politique. Il limite ses activités au religieux.
Les activités du Conseil.
Les actions du CPDI se séparent en cinq niveaux.
Premier niveau : la réception de visiteurs. De nombreux représentants des différentes religions se déplacent régulièrement au Vatican. Le Conseil se charge de les accueillir, de les aider dans les différentes démarches que les visiteurs peuvent entreprendre (comme en autre assister à des Audiences générales ou privées avec le pape). Cet accueil est aussi mis à la disposition des évêques catholiques lors de leurs visites « ad limina apostolorum »[2].
Second niveau : les visites. Tout comme des représentants des autres religions viennent à Rome, des responsables du CPDI sont régulièrement amenés à se déplacer pour rencontrer les représentants des religions non-chrétiennes. Le but est double :
- Favoriser le dialogue interreligieux ;
- Rencontrer les évêques catholiques du pays visités afin d’obtenir un compte rendu complet de la situation sur place et de promouvoir les échanges avec les autres religions.
Troisième niveau : Les réunions. Ces dernières sont aussi bien internes qu’externes. En effet, le CPDI participe le plus souvent à des rencontres organisées par d’autres organisations, aussi bien au niveau régional qu’international.
Quatrième niveau : les publications. Le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux publie de nombreux livres, bulletins, et brochures sur le dialogue entre les religions. Ceci a pour but de promouvoir son action, mais aussi de proposer une méthodologie des rencontres interreligieux. De plus, le CPDI donne une liste d’organisation pour le dialogue interreligieux.
Cinquième et dernier niveau : Favoriser le dialogue par les jeunes. C’est dans cette optique que le CPDI est en lien avec la fondation Nostra aetate. Cette dernière accorde une bourse à des jeunes non-catholiques qui souhaitent approfondir leur connaissance du christianisme auprès des institutions académiques pontificales, en vue d’un enseignement sur le christianisme ou d’un engagement dans le dialogue interreligieux.
Le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux est donc le bureau central du Saint-Siège pour le dialogue avec les religions non-chrétiennes. Il doit promouvoir un dialogue respectueux dans un esprit d’ouverture issu du concile de Vatican II. Il définit une méthodologie reposant sur l’échange entre adeptes et non entre religion, reconnaissant qu’il y a « des parcelles de vérité » dans les autres confessions[3].
François VOUTIER
[1] A noter que les relations avec le Judaïsme ne fait pas parti des missions du CPDI, mais de la Commission pour les Rapports religieux avec le Judaïsme, organe lié au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens.
[2] Visite quinquennale obligatoire à Rome pour les évêques catholiques.
[3] Déclaration « Nostra aetate ».