La France augmente l’étendue de ses territoires maritimes

Fin Septembre 2015, quatre décrets ont paru au Journal Officiel. Ils prévoient une extension de 579 000 km² du territoire maritime français. Grâce à cette nouvelle superficie, la Zone Economique Exclusive (ZEE) française pourrait devenir la première mondiale.

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Zones Economiques Exclusives françaises, source: euromedcapital.wordpress.com 

ZEE française et extension

Avec 11 035 000 km², la ZEE française se situe en seconde position derrière les Etats-Unis (11 351 000 km²). Cela représente approximativement 8% de la surface de toutes les ZEE du monde. Pourtant, quatre décrets questionnent cette superficie et prévoient qu’elle soit élargie. En effet, selon la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM), les zones économiques d’un pays sont fixées à 370 km des côtés. L’extension de la France s’effectue donc en considération du plateau continental (sol et sous-sol océanique) au large de la Martinique et de la Guadeloupe, de la Guyane, des îles Kerguelen et de la Nouvelle-Calédonie.

Enjeux des ZEE

Le 15 Octobre 2015, l’Amiral Bernard Rogel – Chef d’Etat-Major de la Marine – (CEMM), s’est exprimé sur le projet de loi de finances pour 2016. Il a distingué quatre enjeux majeurs liés aux ZEE et à leur protection.

  • Enjeu économique : les flux maritimes sont en augmentation constante et notre économie ne peut supporter une seule perturbation. La libre circulation des mers est pourtant de plus en plus menacée par la piraterie et le terrorisme. Avec la « course au gigantisme des navires marchands » (porte-conteneurs de 17 à 19 000 boîtes), les capacités d’intervention de la marine en cas d’accident sont questionnées.
  • Enjeu environnemental : le dérèglement climatique accroît la violence des phénomènes météorologiques. Ces phénomènes complexifient et intensifient l’action de la marine française.
  • Enjeu technologique : avec l’informatisation croissante des bâtiments, ils deviennent plus vulnérables à une cyber-attaque.
  • Enjeu stratégique : l’émergence de nouvelles puissances maritimes telles que la Chine, la Russie et l’Inde, entraine une nouvelle cartographie des forces.

Présence maritime française

Le Pacifique représente 80% de la ZEE française. Pour chaque DOM-TOM, la marine dispose de deux frégates de surveillance, deux bâtiments de soutien, un remorqueur et des avions de patrouille maritime. Il est également prévu qu’un Bâtiments Missions Multiples (BMM) complète l’arsenal naval des territoires d’outre-mer.

Pour l’Amiral Rogel, l’armée aurait besoin de 15 frégates de premier rang pour être parfaitement opérationnelle. Pour l’instant il semble que nous soyons dans une « stricte suffisance» (A. Rogel devant la Commission de la défense nationale et des forces armées). « Nous subissons un certain nombre de réductions temporaires de capacité, et singulièrement outre-mer. » S’exprime-t-il sur les capacités d’actions de la marine. « Or, si nous ne prenons pas soin de notre zone économique exclusive, elle sera pillée. » Continue-t-il.

Il est prévu en 2016, la livraison d’une frégate ainsi que de deux DMM pour la Nouvelle-Calédonie. Un patrouilleur léger guyanais et deux hélicoptères caïmans sont également attendus pour les Antilles. D’autres livraisons sont prévues mais l’Amiral s’interroge sur la bonne gestion des bâtiments déjà en service. Certains sont « particulièrement anciens » et pourtant indispensables.

Il attire enfin l’attention sur le « Plan horizon Marine 2025 » du Livre blanc, qui prévoit une diminution de cinq bâtiments par ans. Ce plan propose un passage d’une marine mécanique à une marine informatique. Nous passons donc d’une logique de compétence à une logique d’effectif.

Coline CHARPY