Chine – Taïwan. Rencontre historique entre deux frères ennemis

Le président chinois, Xi Jinping et le président taïwanais Ma Ying-jeou se sont rencontrés début novembre 2015 à Singapour. Cette entrevue organisée entre ces deux présidents est une première depuis 66 ans.

Depuis la création de la République populaire de Chine (RPC) le 1er octobre 1949 par Mao Zedong et l’exil des institutions de la République de Chine à Taïwan, la frontière sino-taiwanaise fait l’objet d’un contentieux.

  • Une communauté internationale indécise

Les deux régimes disaient représenter l’ensemble de la Chine, mais d’un point de vue juridique, il existait une seule Chine qui englobe le continent ainsi que Taïwan. Chacun se préparait à reconquérir l’autre par la force. La communauté internationale n’avait pas adopté une position unique face à ce litige. Dans ce contexte, les États-Unis soutiennent, dans un premier temps, Taïwan, notamment lors du bombardement de Pékin sur les îles de Quemoy et de Matsu. Washington et Taipei signèrent un traité de défense en décembre 1954 suite à la guerre de Corée. Cet accord va permettre aux américains d’utiliser Taiwan comme base arrière pendant la guerre du Viêt Nam.

Dans les années 70, les américains font évoluer leurs positions. Dès 1971, Washington décide de reconnaître la Chine continentale pour contrer l’influence de l’URSS sur la Chine. En fin d’année, Taïwan se retrouve isolé sur la scène internationale en perdant son siège de représentant de la Chine à L’ONU. La Chine soviétique et les États-Unis officialisent leurs relations le 1er janvier 1979. La RPC déclare un cessez-le-feu dans le détroit de Formose et l’arrêt des bombardements sur l’île de Jinmen.

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Dessin d’Ammer

  • Des relations fragiles

Pour l’heure, Pékin a mis en place une stratégie pour contenir les indépendantistes taïwanais. Cette politique combine une pression constante sur les pays soutenant Taïwan et une menace militaire constante. Par ailleurs, la Chine a adopté, la politique du « front uni » afin de diviser l’ennemi, pour mieux le combattre, comme le souligne le rapprochement entre le Parti communiste Chinois et le Kuomintang en 2005.

Outre, la démocratisation du régime taïwanais, il y a eu une redéfinition de la politique étrangère. À la fin des années 1980, Taipei s’est rallié au principe de la double reconnaissance. Une campagne pour la réintégration de la République de Chine aux côtés, de la RPC à l’ONU, a notamment été lancée dès 1992. Cette tentative s’est soldée par un échec.

Depuis l’élection de Ma Ying-jeou en 2008, les relations entre les deux pays se sont améliorées. Le président taïwanais est parvenu à signer un accord-cadre de coopération avec Pékin en 2010. C’est une étape indispensable pour adoucir les relations entre ces deux États. Cependant, la méfiance sur le plan diplomatique est intacte comme le prouve le refus de la Chine d’accepter Taïwan officiellement nommé la République de Chine dans la nouvelle Banque asiatique d’investissement.

Marc-Antoine Barberis

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